Tribune de Genève, septembre 2016
POL nous met sous hypnose électronique
Par Fabrice Gottraux
Critique
Ce week-end, l'électronicien genevois livrait à La Bâtie sa relecture de John Adams, en quadriphonie.
POL, musicien genevois, la tête dans le sable pour DryHope brillante relecture du «Hoodoo Zephyr» de John Adams.
En entrant dans la grande salle de l'Abri, on découvre des chaises disposées dans un chaos apparent: certains sièges sont dos à dos, d'autres regardent les murs… Où s'asseoir? Qu'importe, en fait. Le son viendra des quatre coins englober l'auditeur. Ainsi disposées, une cinquantaine de personnes découvrent la performance du Genevois POL. Un habitué de La Bâtie, des scènes indépendantes en général. Une pointure dans son genre. Expert en cliquetis savants ou faiseur de climats plus sombres (on songe au duo Aeroflot avec le chanteur Goodbye Ivan), l'homme est un curieux, et un perfectionniste.
C'est donc avec l'assurance du travail bien fait que le public a découvert ce week-end sa relecture de l'album Hoodoo Zephyrr de John Adams, rebaptisé DryHope. Le compositeur américain était à l'honneur de La Bâtie avec un concert de ses œuvres en ouverture du festival. Quant à POL, il livrait à son tour une sorte d'hommage-recréation des sept pièces aux sonorités synthétiques d'Adams, parfois tintinabullantes, ou vibrant profondément. Les notes ressemblent à l'original d'abord, puis les structures s'interpolent, s'empilent, couche après couche, proches, très proches de l'auditeur, ou de plus en plus loin. Effet de spatialisation remarquable permis par la quadriphonie et l'excellente acoustique des lieux: où le moindre souffle, la plus petite variation, se savoure sans accroc. Et l'esprit de se laisser couler dans un tournoiement sans fin, hypnotisé.
http://www.tdg.ch/culture/musique/pol-met-hypnose-electronique/story/15395662
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